Tribunal correctionnel de Paris
A la barre, une Africaine sanglote doucement. «Ne pleurez pas madame, ça ne sert à rien», lui glisse la juge. La procureure explique: «Voilà la situation classique des personnes en situation irrégulière qui n'hésitent pas à utiliser des papiers qui ne leur appartiennent pas, avec des conséquences parfois dramatiques. Ceux à qui les papiers ont été volés peuvent se retrouver condamnés.» Elle requiert une «forte peine de prison avec sursis». L'avocate se poste près de sa cliente: «C'est la misère. Elle a quitté le Ghana, son concubin l'a abandonnée avec un enfant, après l'avoir contaminée. Elle est venue ici pour tenter de se soigner.» Elle sourit: «La femme dont les papiers ont été dérobés lui a pardonné, elle n'a même pas porté plainte, car elle connaît bien la situation des femmes africaines!» Trois mois avec sursis et une amende de 1 500 F. Maintenant, le box se remplit. Vadar a 46 ans, porte une veste grise et des cheveux à la Beatles. Il est hongrois, cinq fois interdit du territoire. Il a été arrêté au volant de sa voiture, après avoir brûlé un feu rouge. «Pourquoi se maintient-il en France?», s'étonne la présidente. La traductrice est une rousse emportée: «Avec toutes ces interdictions de territoire, il ne peut aller dans aucun pays de l'espace Schengen! Oui, il pourrait aller en Yougoslavie ou en Pologne, mais il ne le souhaite pas!» L'avocate intervient: «Demandez-lui pourquoi il ne peut pas rentrer en Hongrie.» Vadar s'agite, fait de g