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Libération

A Nice, un bon policier est un policier muet

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Il dénonce le racisme de ses collègues: conseil de discipline.
publié le 16 mai 2001 à 0h53

Nice envoyé spécial

Doit-on passer devant le conseil de discipline quand on a le sentiment d'avoir bien fait son travail? C'est ce qui arrive à l'enquêteur de police niçois Jean-François Danesi, 49 ans, convoqué demain devant les instances disciplinaires à Marseille. «C'est pas bon de dénoncer le racisme dans la police, car le racisme n'existe pas», ironise-t-il. L'affaire remonte au 19 septembre 1998. Affecté au «ramassage», le policier Danesi vide ce jour-là, comme tous les matins, les geôles des gardés à vue de la nuit. Il en voit sortir un «gamin» de 19 ans, Karim Aref, et lui lit machinalement les griefs relevés à son encontre: «Interpellé dans une soirée-spectacle alors que, ivre, il voulait forcer l'entrée, auteur de violences, etc.» Mais le garçon lui raconte une autre histoire, à laquelle le policier a le malheur de prêter une oreille attentive.

Karim Aref affirme que, invité la veille à une soirée de mannequins Elite, à Acropolis à Nice, il a été contrôlé trois fois par la police municipale, puis tabassé et jeté, menotté, dans le coffre de leur véhicule, avant d'être remis à la police nationale sous l'accusation de «rébellion et outrages». Souvent, ce genre de version tombe dans l'oreille d'un sourd. Mais Danesi entend, lui, mener l'enquête que lui confie le parquet. Le médecin qu'il prévient constate «de nombreuses plaies à la tête et au bas-ventre» sur Karim Aref, et des témoins de la scène confirment sa version. Si bien que trois policiers municipaux sont mis en e