Les ministres français de l'Agriculture, qui se targuent volontiers de la manière exemplaire dont le gouvernement a géré la crise de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), vont devoir en rabattre de leur superbe. Dans un rapport sur les «conditions d'utilisation des farines animales dans l'alimentation des animaux d'élevage et les conséquences qui en résultent pour la santé des consommateurs» (1) rendu public hier, une commission d'enquête du Sénat dresse un implacable constat: les gouvernements français ont «incontestablement» tardé à prendre les décisions «propres à éradiquer la maladie animale et à assurer la protection des consommateurs».
Retard. Dans l'énumération des responsabilités, les sénateurs épinglent d'abord l'Europe: «Ce qui caractérise l'action de l'Union européenne en matière de lutte contre l'ESB, c'est le retard constant avec lequel les mesures ont été adoptées.» Actuellement, les mesures en vigueur en France demeurent plus contraignantes en matière d'abattage, de retrait de matériels à risques spécifiés (ces MRS sont les morceaux les plus susceptibles d'être contaminés) ou d'étiquetage que les mesures prises au niveau communautaire. Derrière l'Union européenne, la commission accuse le gouvernement britannique. Le 26 octobre, le juge lord Phillips of Worth Matravers a rendu publics les ré sultats d'une enquête sur l'épidémie d'ESB en Grande-Bretagne. On aurait pu penser que ce travail mentionnerait les exportations britanniques de produits contaminés ve