Toulouse de notre correspondant
Daniel Sagard est avocat d'affaires. Et c'est à sa société que les clients envoient leurs chèques. Rien de plus normal, donc. Seul problème: l'avocat toulousain les «encaisse irrégulièrement [...] sur son compte personnel». Pratique ordinaire des jongleries comptables? Peut-être. Mais voilà que Gilles Duteil, directeur du groupe de recherche sur la délinquance financière, est chargé d'une expertise judiciaire sur le cas. Et non seulement il relève cette irrégularité, mais il précise que ces encaissements ont été faits «sous couvert des administrateurs de l'ordre des avocats de Toulouse, qui avaient parfaitement con science de cette situation». En effet, l'Ordre a la tutelle des affaires de leur confrère Sagard depuis qu'en 1997, ses associés l'ont soupçonné de tenir une double comptabilité.
Le document remis en avril au tribunal de Toulouse fourmille d'anecdotes. On y apprend ainsi que la Banque populaire Toulouse Pyrénées (BPTP) a pu, à l'occasion, payer plusieurs fois une même facture à la société civile professionnelle (SCP) Sagard. Mais, surtout, que le procédé a perduré alors que cette société était déjà sous administration de l'ordre des avocats. «Les bordereaux de remise ont d'ailleurs été signés par l'un des administrateurs», précise au rapporteur le directeur des crédits de cette banque. «Ces bordereaux et les factures étaient irréguliers.» Il y a pour le moins «un dysfonctionnement au niveau de la banque», poursuit l'expertise. Mais c'