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Petite artillerie contre Aussaresses

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La justice ouvre une enquête pour «apologie de crime de guerre».
publié le 18 mai 2001 à 0h54

Le résultat était un peu couru d'avance. Entre les deux plaintes qui lui ont été remises, l'une qui pouvait soulever les passions, bien au-delà du monde des juristes, l'autre qui permettait de marquer le coup tout en trouvant le consensus, le procureur de Paris a choisi l'option modérée pour répondre à la publication du livre du général Aussaresses sur la guerre d'Algérie et la torture. Il a annoncé hier l'ouverture d'une enquête préliminaire qui devrait déboucher rapidement vers une citation du général Aussaresses devant le tribunal correctionnel pour «apologie de crime de guerre». L'officier, capitaine entre 1955 et 1957, revendique en effet la torture comme une nécessité de l'époque, décrit abondamment le sort de ces prisonniers dont on savait qu'ils ne sortiraient pas vivants, au petit matin, de leur interrogatoire de la nuit.

Responsabilités. Le parquet de Paris donne donc suite à la plainte déposée par la Ligue des droits de l'homme, rédigée par son ex-président l'avocat Henri Leclerc. Poursuivre les propos revendicatifs tenus en 2001 par le général Aussaresses, c'est sanctionner son absence de regret, cette façon provocante d'expliquer qu'il le referait s'il le fallait. Mais c'est aussi éviter d'examiner les faits et les responsabilités de 1955 à 1962, ce qui aurait suscité beaucoup plus de difficultés. Le procureur, Jean-Pierre Dintilhac, a en effet parallèlement décidé de ne pas ouvrir de poursuites pour cri mes contre l'humanité, ce que lui demandait la Fédération i