Abbeville envoyée spéciale

«C'est la première fois qu'on peut revenir jusqu'à chez nous en voiture.» Debout devant le pas de sa porte, au 100 de la rue Saint-Jean, Daniel Baillon a presque le sou rire. Dans le quartier du Rouvroy, l'une des zones d'Abbeville les plus touchées par les inondations de la Somme, le niveau d'eau a sérieusement baissé ces derniers jours. Ce dimanche, plus besoin de prendre la barque pour longer le voyeul, la route n'est plus recouverte que de quelques centimètres d'eau. Les jardins sont encore boueux, mais les trottoirs sont presque asséchés, tout comme le sol des maisons. Et peu à peu, c'est la vie au sec qui reprend.

«Bizarre». Tous les jours, Daniel et sa femme Anita quittent le quatrième étage du HLM où ils ont été relogés pour venir faire un tour chez eux, et «commencer à mettre un peu d'ordre». Les meubles restent cependant juchés sur des parpaings, et les murs suintent de moisi. Pas question encore de se lancer dans le nettoyage de printemps avant le constat des assurances. «Les experts vont passer mardi, après on pourra vraiment s'y mettre, s'enthousiasme Anita. Les pompiers et les gars de la sécurité civile ont dit qu'ils nous aideraient.» Mais Daniel reste songeur. «De toute façon, je ferai appel à un contre-expert, c'est plus sûr.» Et après un instant d'hésitation, il ajoute: «Quand même, c'est bizarre, cette décrue subite, comme si ca avait été programmé. Cela fait un mois qu'ils pompent sans succès. Il y a deux jours, ils nous assurent