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Libération

«Vous me voyez agresser quelqu'un que je connais?»

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publié le 21 mai 2001 à 0h56

Tribunal correctionnel de Paris

Un jeune Hongrois est dans le box et son avocate s'approche, fâchée: «J'ai des conclusions de nullité à remettre au tribunal. J'ai voulu en faire des photocopies, mais manifestement, c'est impossible pour les avocats de permanence!» Son client, plaide-t-elle, «ne parle pas français et a été entendu en garde à vue sans interprète». Une fanfare qui joue dehors la salue. «Fermez les fenêtres», ordonne la présidente. Le jeune Valar a été arrêté près d'un horodateur, avec un tournevis et des pièces plein les poches. «Il dit qu'il n'a rien compris», traduit l'interprète. «Les policiers vous ont vu rue Oberkampf, le tournevis planté dans l'horodateur» reprend la juge. «Non, répond la traductrice, il dit qu'il n'en a pas besoin, il travaille de droite à gauche. Mais là, ça fait quatre nuits qu'il est à la rue et n'a pas dormi.» Une assesseure le jauge: «Il n'a pas l'allure de quelqu'un qui dort dans la rue, il est trop frais, trop propre.» La procureure remarque: «C'est un habitué, trois fois condamné pour des faits similaires.» Elle réclame dix mois de prison et une interdiction du territoire. Procédure annulée. Valar est libre. «Merci», dit-il. «La prochaine fois, ce ne sera pas la même chose», prévient la juge. «Enlevez-lui tout de suite les menottes», commande le chef gendarme à ses hommes. C'est le tour d'Eric, 22 ans, Zaïrois, qui vit à Paris chez ses parents. «A quelle adresse?», demande la présidente. «Rez-de-chaussée», répond Eric. La juge hoc