Vêtue d'une veste saumon en lambeaux, Brigitte vacille, s'accroche à la barre de la cour d'assises du Val-de-Marne, tremble et pleure. Mais elle n'interrompt pas son récit. Les trois jours précédents, cette femme élégante a assisté aux débats, posé des questions à AbdelMajid K., 33 ans, l'accusé (Libération du 18 mai). Elle est un peu devenue la porte-parole des autres femmes, douze victimes assises sur les bancs des parties civiles.
Cette veste déchirée, Brigitte la porte le 9 juillet 1998, lorsqu'elle quitte son agence immobilière du XIe arrondissement pour visiter un appartement en compagnie d'un client qui vient de se présenter. Elle a 43 ans. Le lendemain, les policiers arrêteront AbdelMajid K. Depuis plus de deux mois, l'homme a déjà agressé, parfois violé, au moins douze femmes. Toutes, sauf une, sont agents immobiliers. Dans tous les cas, le mode opératoire est à peu près le même.
«Très poli». «Juste avant, nous avions déjà visité un appartement. Mais la propriétaire était restée. Il avait rapidement dit: "Mes meubles sont trop grands pour ici." Il ne me restait plus qu'un meublé de libre. Bizarrement, il a dit être intéressé quand même, il a même beaucoup insisté pour le visiter. Nous y sommes allés, mais ça ne me plaisait pas. Cet homme pourtant très poli m'avait mise mal à l'aise. Il a regardé toutes les pièces avant de revenir en me parlant d'un carrelage cassé dans la salle de bains. J'ai voulu vérifier. J'ai senti qu'on me tirait violemment par les cheveux, qu'on