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Libération

A Metz, les exilés jouent leur vie

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De leur histoire, des demandeurs d'asile ont fait une pièce de théâtre.
publié le 28 mai 2001 à 1h00

Metz envoyée spéciale

Vendredi soir, dans une salle de spectacles de la banlieue de Metz. Sur scène, Youri, Valeri, Dima, Ediké, Karha, Florije et les autres savourent une standing ovation. Après cinq mois de répétitions hasardeuses, ils viennent d'interpréter magistralement Transit, une pièce qui met en scène les espoirs, les persécutions et l'errance des demandeurs d'asile venus de l'est de l'Europe.

Youri, Valeri, Ediké, Karha et Florije viennent de Lettonie, Biélorussie, Géorgie ou Albanie. Ils sont à Metz depuis trois mois pour les uns, trois ans pour d'autres, et vivent en foyer, dans l'attente d'un papier qui ne vient jamais, d'une réponse sans cesse différée, d'une expulsion jamais lointaine. Leurs journées, ils les passent souvent à ne rien faire, ou alors à boire, à se droguer parfois, vivant de petits boulots au noir ou de trafics.

C'est dans l'un de ces foyers qu'un jeune travailleur social de 22 ans, Jean Stirn, les rencontre en décembre. Il imagine un projet d'insertion par le théâtre et cherche un metteur en scène qui pourrait l'y aider. Jean de Pange, 25 ans, enseignant au cours Florent, relève le défi aidé de deux anciens des Beaux-Arts, Tommy Laszlo et Gerson Bettencourt. Le jeune metteur en scène constitue péniblement un groupe de quelques volontaires pour mener à bien un projet à ce jour unique: faire jouer, par des demandeurs d'asile, une pièce en public. Il se lance à la recherche de subventions. Ironie du sort, la Drac (direction régionale des affaires cu