Tribunal correctionnel de Paris
Dans le box, Didier, 28 ans, écoute la liste de ses con damnations. Des vols, des violences, des stups. L'enquête sociale dit qu'il est «agent de sécurité au noir, touche le RMI», et qu'il s'occupe de sa vieille mère, malade. Avec Kader et Brahim, il est poursuivi pour avoir racketté le téléphone portable d'Alain, dans le train qui va d'Argenteuil à la gare Saint-Lazare. Il était une heure du matin quand Alain est descendu du train pour raconter aux policiers: «Ils me surveillaient, je ne pouvais plus bouger, l'un a fouillé mes poches. Il m'a pris 30 francs et mon portable.» Brahim explique: «Il a eu peur et a tendu le portable sans que personne lui demande rien. J'ai dit "on n'en veut pas". C'est un SDF, pourquoi on aurait volé un SDF?» Didier ajoute: «Je lui ai rendu le portable et les policiers ont bien vérifié que je l'avais pas.» La juge cons tate: «Vous aviez reconnu avoir pris ce portable, alors vos déclarations sont un peu fantaisistes!» Et Didier râle: «C'est la vérité! Y a pas de fantaisiste!» Alain n'est pas venu, il a donné une fausse adresse aux policiers. Kader boutonne vite sa chemise pour s'adresser à la juge, et dit poliment: «Il y a un détail, j'ai rencontré les autres dans le train, mais dans la vie, on se connaît pas. Et moi je n'ai rien fait!» La procureure assure: «Voilà ce qui se passe dans les trains entre Paris et sa banlieue!» Elle réclame de la prison pour tous. Quatre mois pour Didier et Brahim, relaxe pour Kader.
Sma