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Libération

La stérilisation des handicapées mentales sort de l'ombre

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La réforme de l'IVG permet d'encadrer une pratique connue, mais taboue.
publié le 30 mai 2001 à 1h02

A pas de velours, presque par effraction, les parlementaires ont introduit un explosif dans la réforme de l'IVG qui doit être adoptée définitivement aujourd'hui à l'Assemblée nationale. L'allongement du délai légal de dix à douze semaines ou la suppression de l'autorisation parentale, deux mesures phares du texte originel, s'apparentent presque à des mesures techniques au regard de l'article 20. Celui-ci traite de la stérilisation des personnes han dicapées mentales, un phénomène connu mais tabou en France. Les députés ne pouvaient l'esquiver puisqu'ils avaient pris l'initiative de légaliser la stérilisation volontaire à but contraceptif. «A partir du moment où nous donnions un cadre légal à la stérilisation pour les personnes "ordinaires", nous étions obligés de légiférer pour protéger les personnes handicapées mentales, afin d'éviter les abus», explique la rapporteuse du texte, Martine Lignières-Cassou (PS, Pyrénées-Atlantiques). Mais, hier, la Conférence des évêques de France a dénoncé ce «pas de plus vers l'eugénisme d'Etat».

Fiançailles. Il n'existe aucune donnée épidémiologique sur l'ampleur de la stérilisation des handicapés mentaux. Une enquête, réalisée en Gironde, estimait qu'un tiers des jeunes handicapées mentales avaient été stérilisées dans ce département. Mais selon Alain Giami, de l'Inserm, «il n'est pas possible d'extrapoler ces chiffres, d'autant plus que la stérilisation de ces personnes fait souvent l'objet d'un déni». Lors des auditions, les parlementaire