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Les victimes de Papon réclament des sous.

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Devant la justice, elles contestent son insolvabilité.
publié le 30 mai 2001 à 1h02

Lorsque, le 3 avril 1998, au lendemain de la condamnation de Maurice Papon à dix ans de réclusion par la cour d'assises de la Gironde, les avocats des parties civiles lui ont réclamé dommages, intérêts et dédommagements pour frais de justice, l'accusé n'avait plus le sou. Façon de parler. Ses biens avaient été «donnés et partagés» à ses enfants et, en partie, vendus. Papon n'est plus solvable, explique alors sa défense, et ne peut s'acquitter des 4,3 millions de francs que la justice le condamne à verser. Hier, les avocats de six associations de victimes ont demandé au tribunal de grande instance de Melun qu'il révoque les donations-partages établies au nom des trois enfants de l'ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde.

Maurice Papon n'aurait pas banalement organisé sa succession, mais «organisé frauduleusement son insolvabilité», affirme Michel Zaoui, avocat de l'amicale des déportés d'Auschwitz, à qui Papon a été condamné à verser 300 000 francs pour frais de justice. «Le 19 décembre 1995, le ministère public rend ses réquisitions. Ça chauffe pour Papon !, se rappelle l'avocat. Trois jours plus tard, il signe un acte notarié sur le partage de sa propriété de Gretz-Armainvilliers, en Seine-et-Marne. Fin mars 97, nouvelle étape, brûlante cette fois : l'audiencement est annoncé pour octobre. En avril, un nouvel acte notarié donne l'appartement parisien qui sera vendu par les trois enfants dès le 1er juillet suivant. Quand il comparaît à Bordeaux, il habite tou