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Terminus enfance

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Premier volet de notre enquête: une journée de permanence avec l'équipe «Ouest». Passent une mère et sa fillette de 4 ans, une jeune fille de 17 ans abusée par son père, le père incestueux, un mineur fugueur, de faux mineurs angolais en quête d'hébergement.
publié le 30 mai 2001 à 1h02

Au printemps, «Libération» a pu suivre, pendant plusieurs jours, le travail de la brigade des mineurs de Paris. Auditions, vérifications, enquêtes sociales, mais aussi traque de la pornographie enfantine sur le Net: reportage au coeur de la plus importante brigade, en France, chargée des enfants et adolescents victimes. (Demain: la cellule «Internet» de la brigade.)

>Mardi, 9 heures

Un sol en linoléum, un bureau, quelques chaises en Skaï et des fenêtres grillagées, «pour qu'ils ne sautent pas». Ceux qui défilent ici: des pères incestueux ou des pédophiles. Au cinquième étage d'un bâtiment en bord de Seine, la salle de permanence de la brigade des mineurs est occupée, cette journée de mai, par le groupe d'enquêtes Ouest. Quatre hommes et quatre femmes, dont la commandante. On évoque les dossiers arrivés dans la nuit. Une enfant de 4 ans, qui, affirme sa mère, a été abusée par un petit voisin et un suicide d'adolescent, une affaire «carrée» pour tout le monde celle-là, sauf que le légiste a introduit un doute: il y aura autopsie. Francine (1), la commandante, appelle l'Institut médico-légal. Puis les parents, l'école du frère du suicidé pour un soutien psychologique. On parle de l'odeur des cadavres. La beauté des petits corps décédés, «on dirait qu'ils dorment». Le plus dur, c'est les bébés. «Atroce.» Le suicidé avait 14 ans. Personne ne veut aller à l'autopsie, prévue le lendemain à huit heures.

On lit les dépositions. Celle de la mère de la gamine de 4 ans. Elle affirme qu'