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Libération

«Les empreintes? Pourquoi pas l'ADN tant qu'on y est!»

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publié le 4 juin 2001 à 1h08

Tribunal correctionnel

de Paris

Le président est rieur: «Demander l'asile politique, ce n'est pas un but dans la vie, et puis ça ne nourrit plus son homme comme avant», lance-t-il à Ahmed et David, un Tchétchène et un Géorgien. Les policiers les ont vus, place Saint-Michel, s'intéresser aux poches des touristes et s'enfuir à leur vue. Ils ont galopé jusqu'à un bar, un sac à dos à la main et sont ressortis les mains vides. Le sac a été retrouvé dans les toilettes, il avait été volé la semaine précédente. L'interprète explique qu'«ils vivent de l'aide du gouvernement», et le juge s'étonne: «Quel gouvernement? Je croyais qu'il n'y avait plus de prime pour les demandeurs d'asile.» «Si, c'est 1 600 francs (244 euros) par mois», assure la traductrice. «On n'a pas volé le sac», jurent Ahmed et David. Le président rit franchement: «Ah, on a des policiers menteurs alors?» David fait dire: «Il faudrait vérifier les empreintes.» Le juge rigole: «Et pourquoi pas l'ADN, tant qu'on y est!» Il continue: «Pourquoi êtes-vous entrés dans ce bar?» Ahmed répond: «J'ai acheté des cigarettes, des Marlboro light et des rouges.» Le juge épluche le dossier: «On va vérifier si ces cigarettes sont dans votre fouille! Bah, elles n'y sont pas!» L'avocat se lève: «Elles ont été fumées pendant la garde à vue.» Et le juge remarque: «Ah, ils ont été gentils, les policiers, et vous osez les traiter de menteurs, vous ne manquez pas d'air!» La procureure veut quatre mois de prison. L'avocat s'approche: «Je leur