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Libération

Vade retro, capitaine impie

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Les moines de l'île Saint-Honorat entendent chasser les bateaux de tourisme.
publié le 5 juin 2001 à 1h09

Les voix de la justice terrestre n'ont rien à envier à celles du Seigneur. Les moines de la Congrégation cistercienne de l'Immaculée Conception (CCIC), installés depuis le Ve siècle sur l'île Saint-Honorat, au large de la baie de Cannes, sont aujourd'hui au centre d'un étonnant pataquès historico-judiciaire. Depuis une dizaine d'années, de fréquentes batailles navales entre compagnies maritimes privées (débarquant entre 600 et 1 500 touristes sur les îles de Lérins, Sainte-Marguerite et Saint-Honorat) ont mis en exergue un «statut tout à fait particulier, une situation extraordinaire, exorbitante du droit commun», selon l'aveu de la préfecture des Alpes-Maritimes.

Monastère fortifié. Incontestablement, les Cisterciens, connus pour avoir mené la croisade contre les cathares (1), sont propriétaires du monastère fortifié partiellement reconverti en lieu de retraites religieuses, agrémenté d'une sainte vigne fournissant 8 000 bouteilles par an (2). Mais quid du domaine public maritime, cette bande du littoral appartenant à l'Etat, et des pontons permettant l'accostage de l'île ?

Depuis qu'existe le tourisme de masse sur la Côte d'Azur, l'île Saint-Honorat fait partie des destinations privilégiées pour un après-midi en plein air. Simple promenade profane, parfois. «L'abbaye de Lérins n'est pas Marineland», s'est énervé un jour l'abbé de la Congrégation cistercienne, dom Vladimir Gaudrat. La préfecture semble avoir épousé la cause des moines, en raison de la situation «spirituelle»