Evasion? Juridiquement non, estime un magistrat du parquet de Bastia. Les trois hommes fichés au grand banditisme, membres présumés de la bande de la «Brise de Mer», et mis en examen pour «association de malfaiteurs» et «tentative d'extorsion de fonds en bande organisée et infraction à la législation sur les armes» n'ont en effet escaladé aucun mur. Ils n'ont pris aucun gardien en otage, n'ont creusé aucun tunnel. Ils ont tranquillement attendu que les surveillants viennent leur ouvrir la porte de leur cellule et les invitent à regagner le monde libre.
«Beaux clients». Le 31 mai, trois fax parviennent au greffe de la prison de Borgo (Haute-Corse). Emanant, semble-t-il, du cabinet du juge des libertés. Trois ordres de remise en liberté concernant Francis Mariani, Pierre-Marie Santucci et Maurice Costa, détenus depuis près d'un an. Les trois détenus sont considérés, notamment Francis Mariani, comme «de beaux clients», par les enquêteurs du SRPJ d'Ajaccio. Aucun de ces documents n'a été vérifié. Il s'agissait pourtant bien de faux. Ni le juge d'instruction d'Ajaccio, Patrice Camberou, en char ge de leur dossier, ni aucun juge des libertés n'ayant signé. C'est, pour l'heure, à peu près la seule certitude des enquêteurs. «Nous essayons de comprendre le cheminement normal d'un tel ordre pour déterminer les responsabilités, voire les complicités à l'intérieur de l'administration pénitentiaire», indique un responsable de l'enquête. Le fax aurait été émis depuis le continent, «mais il