L'arrivée à Fréjus des 910 Kurdes de l'East Sea, en février, a beaucoup remué l'opinion publique française. Mais aux frontières de l'Europe, en Italie, en Espagne, les débarquements sauvages sont très fréquents. De janvier à mars 2001, par exemple, 25 cadavres ont été repêchés près des côtes espagnoles, soit cinq fois plus qu'en 1999. Depuis le début de l'année, plus de 3 000 étrangers ont été interceptés à Tarifa, au sud de l'Espagne. Pierre Henry, directeur de France Terre d'asile, en charge du dispositif d'accueil des demandeurs d'asile en France, s'est rendu en Espagne, dans le cadre d'un programme d'échange d'informations avec des associations soeurs, en Espagne, Italie, Grèce, Portugal. Il raconte comment se déroulent ces arrivées d'immigrants économiques et de demandeurs d'asile aux portes de l'Europe.
Ce qui se passe à Tarifa peut paraître lointain...
Si en France, sur les plages de Juan-les-Pins ou de Saint-Tropez, on repêchait des cadavres toutes les semaines, l'opinion publique française réagirait différemment. Il faut comprendre que les frontières de la France, aujourd'hui, ce ne sont pas les Pyrénées ni le Rhin, c'est là-bas, à Tarifa. Ce qui se passe c'est notre affaire, notre responsabilité.
Parce que ceux qui débarquent là-bas se retrouvent en France?
En partie. Imaginez Tarifa, l'une des plus grandes plages de surf d'Europe. Quand j'y étais, en avril, 420 personnes en deux jours y ont débarqué à bord de pateras, des barques plates. Le scénario est toujours le mê