La nuisance est sournoise. Invisible, inaudible. Elle est là, envahit au coup par coup le quartier de la gare, un secteur très populaire de la ville de Saint-Denis. Dans ces moments, l'atmosphère se charge d'une odeur nauséabonde. Pour connaître sa provenance, il faut franchir un canal, passer sous une voie de chemin de fer et longer la rue Charles-Michels. Tout au bout, se trouvent les établissements Saria Bio-Industrie, une usine d'équarrissage, spécialisée dans le traitement de déchets de boucherie (os, graisses, boyaux...).
La semaine dernière, les odeurs ont redoublé d'intensité. «Habituellement cela pue une heure ou deux. Ça va, ça vient. Mais là, c'était 24 heures sur 24 et plusieurs jours de suite. Et l'intensité des odeurs était multipliée par dix», lâche Françoise Raynal, une riveraine. Vendredi soir, plus de 300 personnes se sont rassemblées pour protester. Pancartes, masques sur le visage et distribution de tracts. Les manifestants ont envahi l'enceinte de l'usine, placardé sur les portes d'entrée des autocollants «défense de fumer» transformés aussitôt en «défense de puer». Les manifestants hurlant: «ça sent, ça sent», «Saria doit payer, on peut plus respirer» ou encore «Saria casse-toi!». Certains habitants disant avec force qu'ils avaient l'impression d'être «la poubelle de la région parisienne».
Arrêté préfectoral. De fait, il n'existe en Ile-de-France qu'une seule autre usine du même type, à Etampes (Essonne). A Saint-Denis, l'équarrissage n'est pas une activi