La DST a-t-elle couvert, pendant plusieurs années, des livraisons d'armes à destination des républiques de l'ex-Yougoslavie en dépit de l'embargo international voté par l'ONU? La question se pose à la lumière d'une instruction pour «trafic illégal d'armes de guerre» menée par un juge de Bourges (Libération du 7 avril). Ce trafic était orchestré depuis le sol français par un marchand d'armes belge, Jacques Monsieur, actuellement détenu en Iran (lire ci-dessous). Entre 1993 et 2000, cet homme n'a pas disposé de l'autorisation officielle du ministère de la Défense, nécessaire pour exercer en France son métier de courtier. Selon les dépositions de deux protagonistes du dossier, cette situation aurait reçu l'accord de la DST (Direction de la surveillance du territoire). Ces ventes ont par ailleurs eu lieu en dehors du contrôle de la CIEEMG (Commission interministérielle pour l'étude des exportations de matériel de guerre).
Embargo yougoslave
«Je voudrais vous préciser que les autorités françaises étaient parfaitement au courant de ces livraisons, et précisément quant aux détails du contenu de chaque livraison.» C'est ainsi que Jacques Monsieur a expliqué au juge Canolle, le 26 septembre 2000, la connaissance qu'avaient certains services secrets de ventes d'armes lors du conflit en ex-Yougoslavie. Entre 1991 et 1995, du matériel militaire, le plus souvent en provenance de pays de l'Est, d'Iran et même de Chine, a été acheminé par Jacques Monsieur vers la Bosnie et la Croatie. Au tot