Il pensait y échapper. Il pensait que le droit canon l'emportait sur le droit pénal, il pensait aussi qu'une justice des hommes, même pinailleuse, le laisserait tranquille. Il s'est trompé. Ce matin, et jusqu'à demain, l'évêque de Bayeux-Lisieux, Pierre Pican, comparaît devant le tribunal correctionnel de Caen (Calvados) pour «non-dénonciation de mauvais traitements ou d'atteintes sexuelles sur mineurs de 15 ans». Sa faute ? N'avoir pas alerté la justice des agissements pédophiles de son abbé René Bissey dès qu'il en eut connaissance, en décembre 1996 (1).
Secret professionnel ? Quelle est, dans ce dossier, la responsabilité de l'évêque ? Devait-il dénoncer les agissements du curé afin de les faire cesser ? Ou pouvait-il, comme il l'a fait, s'abriter derrière le secret professionnel pour tenter de régler l'affaire «en famille» ? Ces questions, qui traversent le débat public depuis quelques années, depuis que moult prêtres sont accusés, jugés et condamnés pour des crimes ou délits de nature pédophile, aucune instance judiciaire n'y a encore apporté de réponse. En cela, le procès de Caen sera une grande première. Et le jugement rendu fera jurisprudence. Aujourd'hui, parmi ses 25 000 prêtres, l'Eglise catholique compte 19 mis en examen pour des viols ou agressions sexuelles sur mineurs et 30 récemment condamnés pour des faits de même nature. Combien d'entre eux ont «bénéficié» du fameux secret professionnel invoqué par les défenseurs de Pierre Pican ?
Epineux, ce procès est aussi