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Dedans, l'audience les débats dehors

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La cour a finalement décidé de rejuger à huis clos Patrick Dils, 31 ans, comme la loi l'exige pour les mineurs.
publié le 21 juin 2001 à 1h18

Reims envoyée spéciale

«Gardes, faites entrer l'accusé.» Il est 9 h 10. La cour d'assises de Reims est noyée de lumière et de flashes. Le président Perrot vient d'ouvrir les portes aux photographes. Sa voix résonne dans le brouhaha des caméras et des journalistes qui se bousculent. Il est là, l'accusé. Un homme jeune, grave et longiligne. Il a boutonné son blazer bleu et sa chemise blanche jusqu'à la naissance du cou, il porte des lunettes fumées comme pour ne laisser voir que le minimum de lui-même. Il n'a pas un geste, pas un sourire. Impassible sous le mitraillage qui dure, et dure encore. «Bien, reprend le président, un peu sec, à partir de maintenant, je demanderai à tout porteur d'appareil de photo ou caméra de se replier.» Ceux-ci n'en font rien. Il réitère son ordre. Personne ne bouge. Le président en vient aux menaces : «A la troisième fois, ce sera manu militari, il y avait un agrément, il faut le respecter !»

Nom rayé. Drôle d'«agrément» qu'a accordé la justice hier, qui consiste à laisser le visage de Patrick Dils, 31 ans, s'exposer sur toutes les télés et les journaux qui avaient envoyé un représentant. Et qui cache son nom sous un trait de feutre noir au programme de la session affiché à l'entrée de la cour d'assises, comme c'est l'usage pour protéger l'identité des mineurs.

L'accusé avait 16 ans quand deux petits garçons, Alexandre Beining et Cyril Beckrich, ont été sauvagement massacrés à coups de pierres à deux cents mètres de chez lui, dans la banlieue de Metz