Les différentes enquêtes pénales diligentées depuis maintenant cinq ans souffrent du même syndrome que les procédures administratives de contrôle : elles s'enlisent sous un magma spongiforme. En dépit d'une vingtaine de mises en examen ponctuelles, la justice française peine à dessiner les contours d'un trafic de farines animales de grande ampleur qui expliquerait la persistance, et même la recrudescence, des cas d'ESB.
Fraudes. La cause est pourtant entendue. Des farines britanniques ont pénétré le marché français, participant ponctuellement à la contamination du cheptel. A Caen, une enquête préliminaire de 1997 retenait comme principaux facteurs de propagation de l'ESB des «fraudes à l'utilisation de farines animales» mais aussi des «contaminations croisées chez les fabricants» (les aliments pour volailles, intégrant des farines carnées jusqu'à l'interdiction totale d'octobre 2000, étant parfois mélangés à des aliments pour bovins). L'enquête n'est guère allée plus loin, puisque bon nombre de dossiers instruits en province ont alors été centralisés à Paris, sous l'égide de la juge Edith Boizette. Laquelle n'a quasiment rien diligenté pendant trois ans, trop occupée à instruire un trafic de viande sur pied dont le principal protagoniste est mort en début d'année. S'agissant des farines, la magistrate vient seulement de centraliser les dossiers remontant de la province (Avranches, Alençon, Argentan, Beauvais...).
Rumeur. Plus de mille réquisitions envoyées aux différents acteu