Trois ans et demi de prison, dont six mois ferme, ont été requis hier devant le tribunal correctionnel de Paris à l'encontre de Guy Loudmer, 68 ans, qui fut un des plus brillants commissaires-priseurs de Drouot. Pour l'accusation, c'est le prix à payer pour les malversations accumulées à l'encontre d'un couple de clients, les Bourdon, et pour les détournements de fonds au préjudice de sa propre société (voir Libération d'hier). Le jugement sera rendu le 17 septembre.
Une instruction brouil lonne, ouverte à l'encontre d'une demi-douzaine de pro ches de Loudmer, s'est effondrée à l'audience, au point que la procureure n'a requis aucune peine à leur encontre, si ce n'est une amende dans un seul cas. Même Philippe, le fils et ancien associé de Guy Loudmer, en fuite depuis trois ans en Israël, ne devrait pas être condamné.
Guy Loudmer est resté seul à faire face au tribunal. Sans se laisser démonter. Ce grand connaisseur de l'art moderne, parti de rien, a rappelé la performance exceptionnelle de la vente de la collection Bourdon, en mars 1990, qui a permis de collecter 509 millions de francs (77,6 millions d'euros). Mais derrière cette belle façade, assure la procureure Chantal de Leiris, se cachait un homme qui a trompé ses clients et l'association philanthropique qu'ils ont mise sur pied sur ses conseils. Surfacturant grossièrement ses honoraires, faussant la comptabilité de la vente, gardant la TVA perçue... La procureure l'a accusé d'avoir circonvenu Marcelle Bourdon, «une viei