Reims envoyée spéciale
Au sixième jour de son procès devant la cour d'assises de Reims, Patrick Dils, 31 ans, qui, de sa prison où il est détenu depuis quatorze ans, signe ses lettres «L'innocent incompris», n'arrive toujours pas à se faire comprendre. La cour l'a interrogé hier sur le meurtre en 1986 à Montigny-lès-Metz de deux petits garçons de 8 ans, Cyril Beining et Alexandre Beckrich. Le jeune homme, qui avait 16 ans à l'époque, avait avoué les crimes avant de se rétracter. Les journalistes exclus de la salle pour cause de huis clos vivent au rythme des suspensions d'audience.
11 h. Jacques Buisson, avocat du père de Cyril Beining, commente l'audition des familles : «C'était poignant, madame Beining n'a pas été capable de s'exprimer, elle s'est effondrée, elle a quitté le prétoire.» Et Dils ? «Il n'a pas eu le moindre mot, il est étonnant, il est impassible, rien n'a apparemment de prise sur lui, c'est un bloc de béton.» L'un des deux avocats de la défense, Bertrand Becker, s'en sort comme il peut : «Qu'est-ce que vous voulez qu'il dise ? On a assisté à une explosion de détresse, il est condamné au silence. C'est un garçon extrêmement calme, réservé, craintif. Le président me demande si j'ai quelque chose à dire, je réponds "pas d'observation", le président lui demande s'il a quelque chose à dire, il répond "pas d'observation". Il répète, il récite.»
12 h 30. Bertrand Becker s'accroche à une petite phrase. Après les «moments bouleversants» vécus par la cour avec le témoign