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Libération

Nora, marseillaise mais pas française

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Née en France de parents algériens, elle se bat depuis douze ans pour sa carte d'identité.
publié le 20 juillet 2001 à 0h07

«Stricte application des critères de réintégration dans la nationalité française», selon le ministère de l'Emploi et de la Solidarité. «Barrage incompréhensible et cruel de l'administration», selon Nora Bouchenna. Depuis douze ans, cette Marseillaise, née en 1952 à Alès (Gard) de parents kabyles, tente d'obtenir une carte d'identité. Trois tentatives. En vain. Avec l'indépendance de l'Algérie en 1962, elle a perdu la nationalité française pour ne jamais la retrouver.

Longtemps, elle ne s'est posé aucune question sur son identité. «Je me sentais française, peuchère.» Avec un père qui a combattu dans les troupes françaises pendant la Seconde Guerre mondiale, a travaillé toute sa vie à la mine, est mort de silicose, et une mère catholique très pratiquante... «J'étais la dernière d'une famille de onze enfants, qui sont tous devenus français. Je n'ai fait aucun effort, aucune démarche pour me faire naturaliser.» A 17 ans, elle se marie avec un Algérien. Aucune pièce d'identité ne lui est demandée, son extrait de naissance suffit.

Poids lourd. En 1988, elle quitte son mari, emportant avec elle ses quatre enfants français. Elle passe le permis poids lourds. «J'avais toujours rêvé d'être chauffeur routier ou conductrice de bus.» Là, sa carte d'identité fait défaut. Première demande à la préfecture qui transmet au ministère: refus. Une deuxième suivra en 1995. La dernière remonte à 1999.

Rengaine. Les réponses de la Direction de la population et des migrations, qui dépend du ministère d