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Libération

L'intégration ne protège pas de l'expulsion

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Moez M., victime de la double peine, a dû quitter le territoire.
par Cédric MORIN
publié le 2 août 2001 à 0h19

Moez M. travaillait auprès des personnes âgées et handicapées dans la cité du Luth, à Gennevilliers. Il avait commencé comme agent de propreté à sa sortie de prison il y a deux ans, mais, au regard de ses «qualités humaines», son directeur lui avait proposé un poste relationnel, social. Mardi 31 juillet, Moez M. a été expulsé vers la Tunisie, un pays où il n'a aucune attache affective.

Procédure d'urgence. Rattrapé par un passé que seul le ministère de l'intérieur n'avait pas oublié, Moez M. a quitté lundi soir la maison d'arrêt de Nanterre. «Pieds et mains liés, avec un carton sur le visage pour ne pas être reconnu par un éventuel comité de soutien, sous l'étroite surveillance d'une compagnie d'intervention», selon un membre du personnel pénitentiaire. Zouhair Ech-Chetouani, un ami d'enfance de Moez, était devant la prison au moment du départ: «On espérait sa libération jusqu'au bout; quand on a vu la voiture partir, on a cru qu'il verrait un juge le lendemain.» Moez n'a pas vu de juge, selon la procédure d'urgence absolue qui, seule, permet de contourner la loi protégeant ceux qui ont toujours vécu en France.

Il a été transféré au centre d'Arenc à Marseille, pour être expulsé vers Tunis avec cinq autres «doubles peines», sur le bateau Liberté. «Vers un pays qu'il ne connaît pas», dit Philippe Pierre-Bez, directeur du club de prévention qui a accompagné Moez à sa sortie de prison en octobre 2000, et qui assure de sa volonté de tourner la page. «Moez était exemplaire, les jeun