Madeleine Carat fait de l'eczéma et souffre d'insomnies. Pour la première fois de sa vie. Pour son médecin, «c'est psychosomatique». Son mari, qui souffre de la maladie d'Alzheimer, a disparu depuis plus de huit mois.Aucune piste sérieuse. Rien. Et ce n'est pas faute d'avoir tout essayé. Depuis que Jean n'est plus là, c'est le parcours du combattant tous les jours. Et même la nuit.
Le 22 novembre, Madeleine confie pour quelques heures son époux au centre Alquier-Debrousse, une maison de retraite du XXe arrondissement de Paris, comme elle le fait parfois. «J'ai 65 ans, mon mari 72, et ce n'est pas facile de s'occuper vingt-quatre sur vingt-quatre de lui, murmure-t-elle. En arrivant au centre, vers 10h30, je leur ai dit de surveiller Jean constamment et, surtout, de ne pas lui donner sa parka. A 16 heures, ils m'ont appelée: ils cherchaient mon mari depuis déjà deux heures. Il avait déjà fait une fugue en avril. Il avait foncé tout droit en passant par Pantin. On l'a retrouvé aux Lilas, des tablettes de chocolat plein les poches et les lunettes de travers, comme s'il s'était battu.» Madeleine essaie de garder son calme : «Je me suis dit qu'il irait sans doute au supermarché ou à la pâtisserie, et volerait des gâteaux. Jean est très gourmand. Avec de la chance, il serait arrêté et je le retrouverais.» Ça n'a pas été le cas. Jean n'avait sur lui aucune pièce d'identité: «Il déchirait les photocopies de sa carte et décousait les étiquettes portant son nom que j'avais mises sur ses