Pauses déjeuner à rallonge, allers-retours à la cafétéria située trois étages au-dessus, apéros tous les soirs avec les collègues au bar du coin, coups de fil aux copines, virées shopping au milieu de l'après-midi si ça la chante: lorsque son boss est en vacances, Lucile se lâche. «C'est ma grande récré de l'année», explique la secrétaire de direction qui efface de cette manière les humeurs d'«un patron d'une autre époque qui m'appelle le week-end pour me demander les coordonnées d'untel, me colle un dossier "urgent" dans les pattes à 19 heures, me sonne à toute heure du jour, un café, un fax, un mail... il ne sait travailler que sous assistance».
L'été, combien de «privés du chef» ont le réflexe de lever le pied... comme Lucile. Son PDG, d'ailleurs, ne supporte pas cette idée. «Alors il ne dit jamais quand il va partir. La veille, il me convoque dans son bureau, grimace un "je m'absente quinze jours" et me tend une pile de dossiers. Il a l'impression de me noyer de boulot mais comme 95 % de mon travail consiste à gérer son caractère, je carbure à fond un ou deux jours, et puis relax.» Parfois, il laisse planer un «il se pourrait que je repasse». Souvent il l'appelle depuis son hôtel: «Ça, c'est quand il part avec sa femme.» Dès qu'il commence à s'ennuyer, le rythme des coups de fil s'intensifie. «J'ai trouvé la parade, je me mets sur messagerie. Lorsqu'enfin je décroche et qu'il est furibard, je lui explique le plus sérieusement du monde que j'ai été débordée d'appels.» Régu