Colosses aux pieds d'argile, les laboratoires pharmaceutiques mondiaux ont pris l'habitude d'asseoir leur prospérité sur une poignée de médicaments vedettes: les «blockbusters» une molécule atteint ce statut envié quand ses ven tes annuelles dépassent la barre du milliard de dollars (1,13 milliard d'euros). Pour rentabiliser les coûts exponentiels de mise sur le marché d'un nouveau produit (frais de recherche, essais cliniques, promotion...), il faut parvenir à le vendre massivement, martèlent les patrons de laboratoires.
Jackpot. Le schéma stratégique idéal est assez simple. On cible une maladie, de préférence chronique, et touchant un grand nombre d'habitants de pays développés. L'arthrite, l'excès de cholestérol ou la dépression, par exemple. On mobilise des troupes de chercheurs sur le sujet. Une fois la molécule trouvée, brevetée et autorisée, on lance ses réseaux de vendeurs à l'assaut de la planète riche Etats-Unis, Japon, Europe. Et ça peut être le jackpot, comme l'ont été l'antidépresseur Prozac pour Lilly, ou l'antiulcéreux Zantac pour Glaxo. L'anticholestérol retiré précipitamment du marché par Bayer avait vocation à devenir l'une de ces vedettes. C'est dire l'ampleur de la catastrophe...
D'autres laboratoires possèdent en catalogue des produits de la même classe thérapeutique, les «statines», que le Baycol. Pfizer s'affiche comme le leader avec son Tahor (environ 5,65 milliards d'euros de ventes annuelles) devant Merck, qui commercialise le Zoc