Berre-l'Etang envoyé spécial
A 6 h 20 hier matin, d'un magistral coup de fusil calibre 12, Franck Vidal est devenu un hors-la-loi. La nouvelle le réjouissait, à voir l'excitation avec laquelle il s'est jeté dans les roseaux pour récupérer la sarcelle mâle, le plus petit des canards, encore appelé, sur ces pourtours de l'étang de Berre, le «taré». «Prélever des oiseaux, c'est dans le sang», dit-il le sien. Président d'une petite association, Droit de chasse, née pour contrer les effets de la loi Voynet, Franck Vidal, 27 ans, venait, comme des dizaines d'autres chasseurs dans les Bouches-du-Rhône, d'enfreindre un arrêté préfectoral repoussant l'ouverture de la chasse au gibier d'eau au 1er septembre. Un report qualifié d'«agression commise par une minorité de personnes contre une tradition aussi forte» et repoussé par les chasseurs sur le thème de «Voynet, on va l'avoiner». «Les écolos feraient mieux de s'occuper de leurs pantoufles. Nous, on ne discute plus, on chasse», résument Franck Vidal et sa poignée d'amis.
Vers 8 heures, les fusils rangés, le pâté et le rosé sortis, Yves, qui a aussi «accroché» une sarcelle, sourit: «On n'a vu personne. Ni police ni gendarme. Donc, on est dans notre droit.» Plus loin, en Camargue, Jean-Marie Scifo, conseiller municipal CPNT (Chasse Pêche Nature Traditions) à Arles et président de l'Association départementale des chasseurs de gibier d'eau, qui revendique 6 200 adhérents, constatait, après avoir accompagné «par solidarité» des chasseurs