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Libération
Reportage

La vie de trottoir des gosses Roumains.

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Ils ont douze, treize ans et se prostituent à Paris. Leur faire comprendre qu'ils peuvent vivre autrement est souvent difficile. Reportage.
publié le 23 août 2001 à 0h27

Des enfants se vendent sur les trottoirs parisiens, dans le très chic XVIe arrondissement. Sous l'auvent d'une station de taxis, ils sont une quinzaine. Un blondinet aux yeux clairs et large sourire renseigne volontiers la passante qui feint de rechercher une rue du quartier. Il paraît 12 ou 13 ans. Les autres, guère plus. Un peu plus haut dans la rue, deux ou trois gamins attendent le client, à l'abri de portes cochères. Depuis quelques semaines, la scène se répète toutes les nuits.

Jusqu'alors, ces jeunes Roumains étaient spécialisés dans la vidange sauvage des horodateurs. Mais le business des parcmètres serait en perte de vitesse : les machines à pièces sont souvent hors service quand elles ne sont pas remplacées par des machines à cartes ; les Parisiens craignent moins les PV car ils comptent sur l'amnistie postélection présidentielle ; la concurrence s'est intensifiée au fil du temps... D'où cette reconversion qui inquiète et désarçonne les professionnels de la protection des mineurs.

Mobilisation. Policiers et magistrats ont d'abord été alertés par des affaires concernant deux jeunes prostitués qui s'en étaient pris à leur client. Puis par une association de lutte contre le sida qui venait de les repérer pendant ses tournées nocturnes. Depuis le début du mois d'août, c'est la mobilisation. Et les professionnels parisiens commencent à appréhender le phénomène qui occupe l'essentiel de leur temps. Nuit après nuit, les policiers de la brigade des mineurs se rendent sur les