Après l'anticholestérol qui abîme les muscles (Libération du 22 août), serait-ce le tour des antirhumatismaux, qui augmentent le risque cardio-vasculaire ? Cette fois, ce sont deux médicaments, Vioxx (1) et Célébrex (2), appartenant à une toute nouvelle classe d'anti-inflammatoires, les coxibs (ou anticox 2), qui sont en accusation. Commercialisées depuis moins de deux ans aux Etats-Unis, et environ un an en France, ces molécules destinées à traiter l'arthrose ont immédiatement connu un succès phénoménal du fait d'une bonne tolérance digestive, ce qui était justement le point faible des anti-inflammatoires classiques.
Seulement voilà. Dans son édition de cette semaine, une revue prestigieuse, le Jama (Journal de l'association médicale américaine) pointe un risque accru d'accidents cardio-vasculaires graves (angines de poitrine, infarctus, «attaques cérébrales», mort subite...) chez les patients prenant ces médicaments.
Complexe. Bref, ces deux molécules, présentées il y a un an comme des innovations thérapeutiques majeures, déjà redescendues de leur piédestal il y a six mois parce que leurs avantages digestifs ne sont pas si décisifs (Libération du 8 mars), doivent-elles aujourd'hui être considérées comme dangereuses ? La question est d'autant plus cruciale que le marché mondial est colossal. Aux Etats-Unis, il représente 6 milliards de dollars annuels (6,5 milliards d'euros) pour les deux molécules, selon le Wall Street Journal, qui a immédiatement consacré sa une à ce débat.