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Libération

L'émotion des harkis venus demander réparation.

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Leur plainte pour crimes contre l'humanité, visant la France, a été déposée hier à Paris.
publié le 31 août 2001 à 0h31

«La France nous a dit: "servez votre patrie", et nous a servis comme dessert au FLN.» Trente-neuf ans après la fin de la guerre d'Algérie, les harkis ont déposé une plainte contre X qui vise la France pour crimes contre l'humanité. A la fois soulagés et pleins d'une colère difficilement maîtrisée. Entre 30 000 et 150 000 de ces anciens supplétifs engagés du côté français pendant la guerre d'Algérie auraient été massacrés après les accords d'Evian. Une tuerie essentiellement perpétrée par le FLN et les «marsiens», nationalistes de la dernière heure (Libération d'hier).

Hier après-midi, les neuf harkis et le comité national de liaison qui se sont constitués partie civile se sont réunis devant le tribunal de grande instance de Paris, débordant sur la rue, avant d'aller déposer plainte devant le doyen des juges d'instruction. Des hommes au visage ridé, sanglés dans des costumes impeccables. Tellement d'ailleurs, que l'un d'entre eux a été pris de faiblesse dans le tribunal, étouffé par un col trop serré. «C'est l'émotion, c'est un grand jour pour nous.»

«J'ai dû me cacher.» Les plaignants ont laissé couler le récit de leurs douleurs. «J'étais mécanicien, c'est l'armée française qui m'a demandé de prendre les armes, se rappelle Brahim Sadouni. Ils m'ont dit: "Comment veux-tu réussir à dépanner un camion dans le djebel sans fusil ?" Moi, je ne voulais pas m'engager, je voulais faire des études. En 1962, la France nous a abandonnés et le FLN n'a eu qu'à se servir. Pendant deux ans, j