Le photographe de l'agence Gamma, Jean-Pierre Rey, 44 ans, a été interrogé durant 89 heures quatre jours et trois nuits par les policiers de la division nationale antiterroriste (DNAT), sur ordre des juges Jean-Louis Bruguière et Laurence Le Vert, sur ses liens avec le groupe Armata Corsa et son défunt chef François Santoni. Etrangement, l'ancien leader du FLNC-Canal Historique qui a monté cette organisation clandestine, au vu et au su des policiers et magistrats spécialisés, n'a lui jamais été inquiété sur ses alertes aux voitures piégées (à Marseille et à Paris), ses menaces «d'actions aveugles et meurtrières dans la capitale», pas plus que sur les huit attentats et «deux exécutions» revendiqués par son groupe: «On le savait mais encore fallait-il le prouver», prétexte un enquêteur.
En revanche, le journaliste Rey, qui a réceptionné le 3 janvier le communiqué d'Armata Corsa chez Santoni, et interviewé le groupe le 15 janvier a été questionné et gardé à vue «4 jours d'affilée, de 8 h du matin jusqu'à 1 h de la nuit suivante, surréaliste!» . «J'ai été traité comme un terroriste, c'est blessant, diffamant pour mon intégrité», s'insurge Jean-Pierre Rey qui ne nie pas ses contacts fréquents avec François Santoni, «une source d'informations importante».
«Les policiers ont répertorié et localisé par les bornes relais tous les appels passés de mon portable d'octobre 2000 à fin janvier 2001. J'ai dû m'expliquer sur toutes ces communications téléphoniques», relate Jean-Pierre Rey.