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Libération

La justice accouche de l'homofamille

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Une femme a pu adopter les trois enfants de sa compagne.
publié le 15 septembre 2001 à 0h49
(mis à jour le 15 septembre 2001 à 0h49)

Sans tambour ni trompette, la justice française a donné naissance à la première famille homosexuelle. Le 27 juin, le tribunal de grande instance de Paris a permis à une femme d'adopter les trois enfants mineurs de sa compagne. Le bon sens et la réalité l'ont emporté sur ce qui semblait inconcevable: donner deux filiations maternelles à ces fillettes conçues par IAD (insémination avec donneur anonyme), élevées par ces deux femmes. Légalement, elles n'étaient filles que de Marie-Laure. «Maman», celle qui les a portées.

«J'avais tout, elle rien.» Giulietta, 7 ans, Luana, 4 ans, et Zelina, 2 ans, ont désormais deux parents, de même sexe. Elles s'appellent désormais officiellement Picard-Boni, elles sont juridiquement les petites-filles des parents de Carla, «Mammina». La vie de famille ne va pas changer. Dès les naissances des petites, Carla et Marie-Laure se sont toujours présentées comme parents, à la crèche, à l'école, dans le voisinage. Elles ont toujours signé à deux tous les documents administratifs, se sont investies indifféremment dans la crèche parentale, aux réunions de parents d'élèves. «A chaque fois, précise Marie-Laure, on explique comment la famille fonctionne car ce n'est pas aux filles d'expliquer.» La consécration du tribunal est pourtant un immense bonheur: «Je n'ai jamais supporté que Carla n'ait aucun lien de parenté, alors que sans elle, ces enfants ne seraient pas là. Pour moi, il s'agissait d'une injustice intolérable. J'avais tout, elle n'avait rien.»

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