En l'absence de données précises que les enquêteurs se refusent à communiquer, les experts se veulent très prudents. Mais le sentiment qui se dégage dans la communauté scientifique tend à renforcer l'hypothèse d'une double explosion.
Comment le nitrate d'ammonium peut-il être amené à exploser?
Pour André Picot, de l'unité de prévention du risque chimique au CNRS, «il faut apporter une forte quantité d'énergie pour rompre la cohésion du nitrate d'ammonium». L'explosion ne peut intervenir à moins d'avoir chauffé le produit à 200°C au moins. La dissolution du nitrate d'ammonium dans l'eau ne peut apporter cette énergie puisqu'elle absorbe beaucoup de chaleur. Certaines poches «miracles» pour soigner les sportifs utilisent d'ailleurs ce principe de refroidissement. Dans un ouvrage réédité en 1999, le spécialiste des poudres Louis Médard rappelle que «ce n'est qu'en le mettant sous fort confinement que l'on peut faire exploser le nitrate d'ammonium par l'action d'une amorce médiocre.» (1) Par exemple, en l'enfermant dans un tube fait d'un métal épais et en amorçant avec un peu d'explosif. Rien qui ressemble aux conditions de l'usine AZF. En revanche, une première explosion suffirait à provoquer l'explosion du nitrate d'ammonium.
André Picot souligne aussi que des éléments étrangers «modifient sensiblement les propriétés du nitrate d'ammonium». Ainsi l'ajout de carburant ou de fuel abaisse d'autant plus sa température d'explosion que l'hydrocarbure est inflammable. Mais ce mélange re