Le processus de Matignon sur la réforme du statut de la Corse a du plomb dans l'aile. Un plomb dont on connaît le calibre: 5.56. Vingt-neuf douilles de ce modèle ont été retrouvées vendredi en début de soirée devant la façade mitraillée de la caserne de gendarmerie Battesti, à Ajaccio (Corse-du-Sud). La veille, c'était la gendarmerie de Borgo (Haute-Corse) qui avait connu le même sort. Même calibre.
Attentats prévisibles. Dans la nuit de mercredi à jeudi, Corsica Nazione avait annoncé son intention de «suspendre» le processus de paix. Le retrait pur et simple a été évité de peu par une direction bien en mal de calmer ses troupes. Cette décision faisait suite à l'interpellation, dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Jean-Michel Rossi, de neuf personnes dont Jacques Mosconi, l'un des membres de l'exécutif d'Indipendenza, la coalition qui regroupe une dizaine d'organisations nationalistes. Forts de leurs alibis, tous ont été relâchés peu après. Mais, pour beaucoup de militants de base, ces agissements judiciaires sont considérés comme des casus belli de la part de l'Etat. D'autant que les interpellations se sont accompagnées de perquisitions aux sièges de deux sociétés au coeur du dispositif nationaliste, le transporteur de fonds Esse et le gestionnaire de distributeurs automatiques de billets AMC. Samedi, Indipendenza, dont 150 militants se sont réunis à Bonifacio, a décidé à son tour de suspendre sa participation au dialogue entre le gouvernement et les élus de l'île.