Un cortège de mariage klaxonne gaiement dans les rues du Val-Fourré, à Mantes-la-Jolie. C'est samedi après-midi. Il n'y a aucun policier en vue. Place Sainte-Anne, aux portes de la grande cité, une autre famille fête un mariage à l'église. Tout est calme, exceptionnellement calme. La veille au soir, vendredi à 22 heures, le policier Pascal Hiblot a été jugé «non coupable» d'avoir tué, dans la nuit du 8 au 9 juin 1991, d'une balle dans la nuque, un des garçons de la cité, d'origine algérienne, Youssef Khaïf. Après l'acquittement, CRS, policiers des Yvelines et gendarmes venus en renfort s'attendaient à une nuit d'émeutes. A tort. L'avocat qui assurait la permanence de garde à vue au commissariat de Mantes, Jean-Philippe Gilbert, en témoigne: «Je n'ai été appelé qu'une fois. Alors que la veille, mon confrère a fait quatorze interventions.»
Egalité? C'est dans le calme aussi que s'est déroulé samedi après-midi le rassemblement d'une soixantaine de personnes organisé par le MIB (Mouvement de l'immigration et des banlieues) à la mémoire de Youssef Khaïf. Son père était là, exprimant son désarroi, son amertume: «Au palais de justice, c'est marqué "liberté, égalité, fraternité". On a vu que liberté, c'est la liberté de tuer. Où est l'égalité? Où est la fraternité? Le policier en prison ne va pas nous rendre notre fils. Mais il a tué, il a fait une connerie, il faut qu'il paie.» Le porte-parole du mouvement, Tarik Hawtari, a traduit le sentiment général des manifestants: «Il n'y a pa