«Celui qui gère le mieux son dossier l'emporte»

Christiane Berkani, présidente de la chambre de la famille du tribunal de grande instance de Rouen. Secrétaire générale de l'Union syndicale de magistrats.

«Le divorce pour faute c'est violent, psychiquement et phy siquement. La plupart des griefs invoqués sont l'adultère, la violence, l'alcoolisme, le désintérêt pour l'autre. Les gens vont chercher des attestations dans la sphère intime, sociale, le conflit s'étend comme une nappe de pétrole qui va mobiliser tout l'entourage, créer des clans qui ne se parleront plus, faire monter la tension pour des années. On perd notre temps à établir qui des deux a tort au lieu d'organiser la vie future de la famille. On se retrouve avec des tas d'attestations, la plupart sans intérêt parce qu'elles émanent de la famille proche, qu'elles rapportent des dires ­ "ma voisine se plaint" ­, qu'elles font état d'un fait isolé ­ "le 26 novembre, monsieur X nous avait invités à boire l'apéritif et sa femme a refusé de nous recevoir". Celui qui l'emporte n'est pas forcément le plus victime mais celui qui gère le mieux son dossier. Ces couples ont vraiment envie de faire payer l'autre, ils ont besoin d'un arbitre qui compte les points et dise "lui, c'est le méchant, moi, je suis le bon". Mais ce n'est pas notre rôle. Même une fois qu'on a réglé les torts, on les voit s'écharper pendant dix ans sur la pension, la liquidation du patrimoine... Ils entretiennent leur lien dans l'affrontement.

«Ce qui est im