Brigitte et Roland se sont juré secours et assistance devant le maire. Vingt et un ans plus tard, Roland F., médecin, a reçu du tribunal de Lyon une piqûre de rappel : divorcé à ses torts exclusifs pour «s'être découragé et ne pas avoir apporté l'aide nécessaire à sa femme», dépressive chronique. Mais en appel, la cour de Lyon accable l'épouse: «En laissant le domicile conjugal dans un état de saleté tel qu'il interdisait à son époux et à leurs enfants d'y recevoir leurs amis et d'y vivre confortablement, Brigitte B. a manqué à ses obligations conjugales.» Des photos, prises par un huissier, montrent «l'état de saleté de l'appartement et le mauvais état de santé dentaire de l'épouse». Et les juges d'enfoncer la femme dépressive: «En refusant de se soigner [...], elle a également commis une faute, dont elle doit être considérée comme responsable.» 2 à 0.
La cour d'appel de Lyon semblait partie pour coller les torts exclusifs à l'épouse, ce qui l'aurait plongée dans la misère en la privant de la prestation compensatoire (1). Mais, aux yeux des magistrats, Roland F. n'était pas tout blanc non plus: «En ne prenant pas les mesures d'ordre matériel pour faire nettoyer le domicile conjugal ou d'ordre thérapeutique pour faire soigner son épouse, [...] le mari a aussi commis une faute.» Résultat: match nul, divorce aux torts partagés. Et en prime, l'invention, par la cour d'appel de Lyon, de deux obligations conjugales: une bonne épouse doit maintenir le domicile familial propre et co