Guy de Maupassant, Blaise Pascal, André Chénier... Ces célébrités honorent de leurs noms quelques-uns des 93 collèges rénovés du département des Yvelines. Les anciens responsables du conseil général (élus et fonctionnaires), qui comparaissent depuis deux semaines (1) devant le tribunal correctionnel de Versailles, ne sont pas là pour parler littérature, mais gros sous. On leur reproche d'avoir mis en place un système généralisé de corruption lié aux marchés d'entretien et de construction des collèges, que les lois de décentralisation ont placés sous responsabilité départementale.
«Règles du jeu». Mercredi, la présidente du tribunal, Françoise Martres, examinait le chantier du collège Léon-Blum à Villepreux. Un cas d'école, si l'on peut dire. En 1992, la société Nord-France avait sorti le grand jeu pour obtenir le lot: un marché de 50 millions de francs. «Nous venions d'être écartés deux fois alors que nous étions les mieux placés, faute de connaître les règles du jeu» dans les Yvelines, témoigne son ex-directeur général, M. Notin. «Parce que vous n'aviez pas payé», interroge la présidente? «Exactement.»
Nord-France n'est pas l'une de ces petites entreprises locales de construction, qui gratifiaient élus et fonctionnaires de travaux à domicile et d'invitations au restaurant. A l'époque filiale du groupe Pelège et de l'allemand Holzmann, Nord-France n'y va pas par quatre chemins: elle embauche Alexandre Raisette, ex-secrétaire départemental du CDS, ancien assistant parlementaire