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Les dilemmes des policiers.

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Même ceux qui, à l'époque, ont dénoncé les violences de leurs pairs, refusent une plaque commémorative aux seuls Algériens tués. Et nos morts, disent-ils?
publié le 16 octobre 2001 à 1h17

«A la mémoire des Algériens, victimes de la répression sanglante d'une manifestation pacifique.» Ce texte, voté par le Conseil de Paris le 24 septembre, va figurer sur une plaque commémorative, qui sera posée le 17 octobre près du pont Saint Michel. Décidée par le maire PS de Paris, Bertrand Delanoë, c'est la première reconnaissance officielle du massacre du 17 octobre 1961.

«La plaque au pont Saint-Michel pour les morts du FLN, il ne faut pas la mettre. Ou alors il en faut dix, une pour les trente policiers assassinés en 1961, une au canal Jaurès, une au pont de Neuilly, une autre cour de la Cité (préfecture de police de Paris, ndlr).» Emile Portzer, 81 ans, ancien policier communiste et résistant qui rejette ainsi un hommage à sens unique, a pourtant dénoncé à l'époque les exactions de ses collègues dans un tract anonyme: «Un groupe de policiers républicains déclare...» Dans un texte daté du 31 octobre 1961, ce militant du Syndicat général de la police (SGP) relatait par le menu les massacres du 17: les Algériens du pont de Neuilly «pris au piège, assommés et précipités dans la Seine», les «30 malheureux» brutalisés au commissariat de Saint-Denis et «jetés, inanimés, dans le canal», et «le matraquage intense» d'Algériens dans la cour de la préfecture de police sous les yeux de «M. Papon». Emile Portzer «n'a rien vu», mais tout entendu: «Ce sont une dizaine de copains résistants du SGP qui m'ont donné ces témoignages, et m'ont fait des rapports.» Rédigé, imprimé et diffusé d