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Libération

Pas de cadavres dans les archives publiques

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Dossiers disparus ou détruits, accès interdit, Einaudi raconte sa quête.
publié le 16 octobre 2001 à 1h17

Secrétaire général adjoint du Syndicat général de la police en 1961, Gérard Monate se souvient que le 17 octobre «[...] des agents de service de l'Institut médico-légal nous ont assuré que plus d'une centaine de corps ont été dirigés vers l'IML. Ils nous ont dit que, sur instruction, les corps étaient rejetés à la Seine. L'IML est tout à fait en bordure de Seine, il y avait dix-quinze mètres à faire. Les gens de l'IML ont été complices, mais j'en ai connu qui ont été malades de ça [...]». En janvier 1999, il l'a raconté à Jean-Luc Einaudi, qui est allé consulter le registre de l'IML de cette date: «L'IML n'est pas un organisme indépendant, c'est un service de la préfecture, dirigé par un administrateur de la préfecture, sous les ordres du préfet. Ce 17 octobre, le registre de l'IML ne signale aucun cadavre de Nord-Africain.» Des mauvaises surprises de ce style, Einaudi en a connu pas mal au cours du périple qu'il a effectué dans les archives publiques et dont il vient de publier les résultats dans un livre ­ Octobre 1961, un massacre à Paris (1).

Négation. Jean-Luc Einaudi n'est pas un historien diplômé. Il n'est pas non plus professeur, ni même étudiant. Il est éducateur. Il y a dix ans, il a publié un livre, la Bataille de Paris, 17 octobre 1961 (2), véritable ouvrage de référence sur ce massacre d'Etat, ce crime que les pouvoirs publics s'évertuent depuis tant d'années à dissimuler. La somme de témoignages accablants, patiemment recueillis par Einaudi, étayés alors par des