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Libération

Après la reconnaissance, le devoir d'histoire.

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Les responsabilités du crime ne sont toujours pas officiellement avouées.
publié le 17 octobre 2001 à 1h17

Toujours le même scénario: un cadavre d'Algérien est découvert, qui entraîne l'ouverture d'une information judiciaire. Si des policiers sont soupçonnés d'être en cause, les juges demandent une enquête à l'Inspection générale des services (IGS), la police des polices. C'est-à-dire que la préfecture de police est chargée d'enquêter sur la préfecture de police. La suite, on l'imagine: les auteurs n'ayant pu être découverts, les crimes sont systématiquement classés sans suite, puis les dossiers clos par des non-lieux. Après mars 1962, tous ces assassinats finiront par être «effacés» par le décret d'amnistie qui a couvert les exactions commises, quels qu'en soient leurs auteurs. Voilà comment, depuis quarante ans, on a dissimulé un crime d'Etat au nom de la raison d'Etat. Et voilà pourquoi l'idée est venue à certains de demander à la Cour européenne des droits de l'homme de se pencher sur le massacre du 17 octobre 1961 à Paris: les non-lieux et l'amnistie interdisant la réouverture d'une enquête judiciaire, ils vont déposer une plainte pour crime contre l'humanité contre la France.

Il y a tout juste deux mois, des associations de harkis, ces Algériens engagés du côté français pendant la guerre d'Algérie, ont adopté la même stratégie. A peine trois semaines plus tard, la France reconnaissante s'est empressée de rendre un vibrant hommage aux dizaines de milliers de morts, «Algériens supplétifs» abandonnés à la vengeance du FLN après les accords d'Evian. Jacques Chirac a reconnu la «