Menu
Libération

Racket en squat à la Courneuve

Article réservé aux abonnés
Arrestations de jeunes de la cité des 4000 qui faisaient payer l'accès à des logements voués à la destruction.
publié le 19 octobre 2001 à 1h18

A chaque étage, certaines entrées sont condamnées par des portes «antisquat»: tout acier, pas de poignée. La barre Ravel de la cité des 4 000 à La Courneuve n'a plus qu'un an à vivre, ou guère plus. Tout comme sa voisine, Presov, elle se vide peu à peu de ses locataires en titre, en attendant le dynamitage. Ces paquebots de près de 200 mètres de long sur quinze étages, construits à la hâte dans les années 60, sont jugés irrécupérables. Debussy fut rasée en 1986; Renoir abattue en juin. Resteront Balzac, et le Mail de Fontenay. Des logements comme ceux-là, le gouvernement a promis d'en détruire 10 000 cette année, avant de passer à un rythme de 30 000 par an, pour lutter contre la ghettoïsation de certains quartiers. Mais ces appartements en sursis attirent des gens qui vivent dans le précaire. A la cité des 4 000, une petite bande n'a pas manqué de voir le parti à tirer d'une telle situation. Agents immobiliers d'un genre particulier, ses membres s'approprient les logements vides, font sauter les fameuses portes en acier, et y installent des sans-logis qu'ils rackettent à leur convenance.

Agression. Cinq de ces «logeurs» ont été interpellés la semaine dernière, au petit matin, par les policiers de La Courneuve assistés par des CRS. Cette opération, préparée depuis plusieurs semaines, repose sur une demi-douzaine de témoignages. Jusque-là, les victimes ne s'étaient jamais manifestées. Peur des représailles. Sentiment que personne ne viendra en aide à des squatters qui, souvent