Menu
Libération

Les règles non écrites de l'euthanasie passive

Article réservé aux abonnés
Une enquête montre les difficultés d'une prise de décision collective entre soignants.
publié le 23 octobre 2001 à 1h21

Le docteur Edouard Ferrand, anesthésiste réanimateur à l'hôpital Henri-Mondor, a de la suite dans les idées. En mars 1998, il avait achevé une enquête dans les services de réanimation des hôpitaux français (Libération du 12 mars 1998). Travail historique car, pour la première fois, on avait des données précises sur l'étendue des pratiques d'euthanasie passive en France. On apprenait ainsi qu'un patient sur deux mourait dans ces services «après une décision de limitation ou d'arrêt des thérapeutiques». L'enquête montrait également que la décision survenait, la plupart du temps, après une réflexion collective entre le personnel soignant (infirmières et aides-soignantes) et les médecins.

Questionnaire. Edouard Ferrand a voulu aller un peu plus loin. Et voir «en pratique» comment se prenait concrètement la décision. Par exemple, les infirmières sont-elles vraiment associées? Et comment? De fait, la réponse est tout en contraste. «On se rend compte que cette décision n'est ni toujours très collective, ni même discutée», reconnaît le docteur Edouard Ferrand. Pour parvenir à ce constat, il a repris son bâton de pèlerin. A l'été 2000, il a adressé un très long questionnaire à plus de 150 services de réanimation pour finalement interroger 521 médecins et 3 100 infirmières et aides-soignantes. Il a posé des questions précises sur la prise de décision, sur les conditions de sa réalisation, mais aussi sur la réflexion éthique qui entourait éventuellement ces limitations de traitement. Le