Tours (Indre-et-Loire) envoyé spécial
C'est un appartement de retraités au deuxième étage d'une petite cité HLM à la sortie de Tours. Il y a le chien qui aboie, l'odeur un peu sucrée des intérieurs figés et des vies qui défilent sur les murs: des portraits d'enfants, un poème écrit pour Noël «Demain c'est un autre jour, demain c'est pour toujours» et des maquettes de bateau posées sur le sommet du grand meuble du salon. «C'est mon mari qui les a construites, il s'y est mis à près de 70 ans. Aujourd'hui, il en a 84 et je me demande comment il va vivre tout cela.» Silence autour de la table ronde. Maaïka, 74 ans, soupire. Il y a la photo du fils sur la nappe, prise à 20 ans, là sur le balcon décoré de géraniums. Il avait une mèche brune sur le front et une chemise à carreaux. Jean-Pierre, l'enfant unique né d'un mariage sur le tard, et maintenant âgé de 44 ans, a tué hier dans le centre-ville de Tours quatre personnes et en a blessé sept autres. La mère répète: «Je ne sais pas ce qui s'est passé dans sa tête.»
Irréel. Dehors, le brouillard a grisé la ville. C'est un détail qui revient dans les témoignages de ceux qui ont vu Jean-Pierre Roux Durrafourt lors de son parcours meurtrier. Vers 10 heures, il gare sa vieille Peugeot 505 en épi sous les platanes du boulevard Béranger. Portant moustache et bouc, il est vêtu d'une veste de cuir marron huilée et d'un jean. Selon certains témoins, il se couvre alors d'une cagoule sombre; selon d'autres, il s'est grimé le visage avec le m