Premier revers sérieux pour Jack Lang. Le Conseil d'Etat a suspendu hier le protocole d'accord signé le 28 mai par le ministère de l'Education nationale pour intégrer au service public les écoles bretonnes Diwan, ainsi que les textes réglementaires qui en découlaient. Il avait été saisi vendredi par six associations se réclamant de la mouvance laïque (Libération du 30 octobre) l'Unsa-Education (ex-FEN), la FCPE (parents d'élèves de l'enseignement public, réputée à gauche), la Ligue de l'enseignement, le Syndicat des enseignants (SE-Unsa) et la fédération des délégués départementaux de l'Education nationale réunies au sein du Comité national d'action laïque (Cnal). Le Snes-FSU (syndicat enseignant majoritaire dans le secondaire) avait lui aussi déposé un recours.
«Principe d'égalité». Objet premier de ces plaintes : le principe de l'enseignement par «immersion» suivi par les 2 000 élèves des 35 écoles Diwan. Cette méthode consiste non seulement à enseigner la langue mais aussi à enseigner dans la langue (les cours de mathématiques sont délivrés en breton). Selon Me Denis Garreau, avocat du Cnal, cette méthode «porte atteinte au principe d'égalité et d'unité de la République». Le français «est considéré comme une langue étrangère», explique-t-il, en contradiction avec la Constitution qui prévoit une langue unique d'enseignement en France. Pour le Conseil d'Etat, «un doute sérieux» pèse bien «quant à la légalité» des textes du ministère, notamment au regard de la Constitution.