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Libération

«Chibanis» échoués en Ile-de-France

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Ces «vieux» maghrébins vivent une retraite solitaire et modeste, loin des leurs.
publié le 6 novembre 2001 à 1h32

Ils font partie du paysage, ces petits vieux agglutinés sur les places et dans les squares parisiens. Comme à la Goutte-d'Or (XVIIIe) ou à Belleville (XXe). Désoeuvrés et sages. Discrets. Ils semblent amarrés aux bancs publics. La journée durant, ils guettent un ami, un voisin, et discutent à voix basse. La nuit tombée, ils regagnent les hôtels meublés qui les abritent. Pour monter un projet de «café social», Moncef Labidi, président de l'association Ayyem Zamen, est allé à la rencontre de ces immigrés maghrébins de la première heure, qui se retrouvent vieux, ici, en France. Son idée: implanter le café social au coeur de leurs habitudes géographiques. Parallèlement au recueil des témoignages de ces «chibanis» («vieux»), Moncef Labidi a dressé une cartographie de ces souvenirs, intitulée «zones de la nostalgie». Foyers, hôtels meublés à moins de 2 600 F mensuels (396 euros), bains-douches, mosquées et lieux de prière dessinent la carte de leur présence, dans l'Est parisien.

Ils sont arrivés il y a plusieurs décennies dans une France en pleine croissance, ont habité dans le bidonville la Folie à Nanterre, dans des foyers ou dans les beaux quartiers. Comme cette femme, employée de maison près du parc Monceau (VIIIe): «Nous ne connaissions à l'époque ni Barbès ni tout ça. J'ai toujours été dans le VIIe ou le VIIIe arrondissement.» La plupart étaient ouvriers. Et trouvaient sur leur lieu de travail un ancrage, «une deuxième famille», disent ces immigrés venus seuls et, pour la plu