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Libération

«C'est notre avenir qu'ils vont raser»

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La peur de l'inconnu gagne Chaulnes:
publié le 15 novembre 2001 à 1h37
(mis à jour le 15 novembre 2001 à 1h37)

La nouvelle qui court le long des routes de campagne a déjà fait de sérieux ravages. Les 1 900 habitants de Chaulnes et des communes environnantes ont désormais l'intime conviction que leur tranquillité ne va plus durer. Ce soir, ce sera officiel: le gouvernement annoncera sa décision d'implanter le troisième aéroport dans les environs de cette paisible bourgade située à une quarantaine de kilomètres d'Amiens et bordée par les interminables plaines agricoles du Santerre.

«Cité-dortoir». Officieusement, deux villages (peut-être quatre) sont directement menacés de destruction: Vermandovillers (110 habitants) et Lihons (377 habitants). Pour la population qui restera, la vie ne sera jamais plus comme avant. Bruno Gallais, 42 ans, est garde-champêtre à Chaulnes. «Demain, il n'y aura plus rien à garder», lâche-t-il. Alors, il évoque déjà au passé l'âme de la campagne, les lapins, lièvres et chevreuils, les champs de bataille, où les anciens se sont battus par deux fois contre les Allemands, et les cimetières militaires. «Chaulnes va devenir une cité-dortoir pour le personnel de l'aéroport, estime le garde-champêtre. Après la guerre de 14, la ville était entièrement à reconstruire. Cette fois, c'est notre avenir qu'ils vont raser.» «A notre âge, nous sommes moins attachés à la brique», tempère pourtant un habitant, qui préfère voir en l'aéroport une décision qui va «apporter de l'emploi aux jeunes». Pour la même raison, au Penalty, le bistrot de la rue principale, la patronne est fa